"Nous voulons le pouvoir dans Second Life" |
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| . Interview - Depuis quelques mois, l'Armée de Libération de Second Life (SSLA) combat le caractère toujours plus commercial de l'univers virtuel. . Sa porte-parole, Solidad Sugarbeet, réclame à Linden Labs, société créatrice de Second Life, un "droit de vote" pour tous ses utilisateurs. Propos recueillis par Olivier LEVARD - le 15/03/2007 - 17h08 |
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Depuis deux mois, elle est la porte-parole de l'Armée de Libération de Second Life (SSLA). Au nom de son mouvement, elle réclame le "contrôle de Second Life" et répond aux accusations de "terrorisme virtuel".
LCI.fr : Qu'est-ce que l'Armée de Libération de Second Life (SSLA) ?
Solidad Sugarbeet: LA SSLA est une organisation démocratique et révolutionnaire dont les membres sont de toutes sensibilités politiques. Nous sommes organisés autour d'un comité central élu. Nous réclamons le contrôle de Second Life par les avatars et nous battons contre l'invasion des grandes entreprises.
LCI.fr : Vous refusez donc tout commercialisation de Second Life?
S. S. : Nous ne parlons pas de petits entrepreneurs mais de IBM, Sony, Warner Bros ou Nissan, bref, de grandes multinationales. Nous nous battons contre leurs règles sur notre territoire et contre les contrats qu'ils signent avec Linden Labs. Par exemple une entreprise comme Sony a créé 3, 4, puis 5 îles dans Second Life. Et elle les utilise pour afficher sa marque dans notre univers. Nous sommes radicalement opposé au fait d'afficher ces marques qui ont un pouvoir économique majeur dans Second Life.
"Parler de terrorisme, c'est une insulte pour ceux qui ont été vraiment frappés" |
Solidad Sugarbeet |
LCI.fr : Peut-on parler de "terrorisme virtuel" pour qualifiez vos actions?
S. S. : Le terrorisme n'existe pas dans Second Life! Lorsque vous y voyez la représentation visuelle d'une ogive nucléaire, c'est du théâtre. Ce n'est pas ce que vous verriez dans la réalité en cas d'acte terroriste... Utiliser l'expression "terrorisme", c'est une insulte pour tous ceux qui ont été frappés par le terrorisme. C'est aussi une tentative de nous discréditer ou de donner un tour spectaculaire aux événements.
LCI.fr : Comment alors définir vos actions?
S. S. : C'est un mélange d'actions directes et de théâtre. Cela ressemble à ce qui se passe dans la réalité lors des sommets du G8. Il y a des personnes qui mènent des actions spontanées : certains font du théâtre de rue, d'autres empêchent les gens d'accéder à des bâtiments pour provoquer le changement. Dans Second Life, il est également possible de manifester et de bloquer l'accès à certains bâtiments.
LCI.fr : Pouvez-vous devenir un véritable problème pour Linden Labs?
S. S. : Les médias commencent à parler de nous. Nous sommes 200 et donc encore une petite organisation. Mais comme dans le monde réel, les révolutions commencent à petite échelle. Regardez Cuba, le Venezuela... Lorsque vous écoutez les gens - dans ce cas, les avatars de Second Life - lorsque vous avez un dialogue ouvert avec eux, vous créez des liens plus forts que le pouvoir en place.
LCI.fr : Dialoguez-vous avec Linden Labs?
S. S. : Nous demandons un débat public avec Linden Labs représenté par le "gouverneur Linden" dans le monde virtuel pour évoquer l'avenir de Second Life. Jusqu'ici, pas de réponse... Je ne suis pas surprise car nous réclamons un contrôle de l'environnement de Second Life. Ce n'est pas dans leur intérêt de nous reconnaître à court terme. Reste donc à voir comment ils réagiront lorsque nous prendrons encore de l'ampleur.
"Nous sommes la prochaine vague qui déferlera sur l'Internet. Le web 3.0!" |
Solidad Sugarbeet |
LCI.fr : Second Life est quand même leur propriété...
S. S. : C'est aussi un environnement social qui appartient à tous. Second Life ressemble aux autres sites dits "web 2.0" comme MySpace. Sur ces sites, le pouvoir social vient de la création de contenu et d'un réseau de relations. Des musiciens, réalisateurs, auteurs y publient leurs œuvres. Second Life permet tout cela en temps réel. Rappelez vous le réseau Napster, il n'était possédé par personne.... Pour l'instant nous réclamons un droit de vote dans Second Life. La question est de savoir qui des entreprises ou des Avatars va diriger Second Life. Nous défendons aussi l'idée d'une prise de contrôle capitalistique de Linden Labs par les utilisateurs de Second Life car nous voulons détenir un pouvoir réel et non symbolique.
LCI.fr : Et si Linden Labs vous dit non?
S. S. : Nous prendrons notre destin en main avec tous les moyens nécessaires et avec ou sans Linden Labs. L'open source est l'avenir de l'Internet. Nous sommes dans un conflit permanent qui oppose les utilisateurs d'Internet et les grandes entreprises. Nous représentons la prochaine vague qui déferlera sur l'Internet. Le web 3.0!
LCI.fr : Envisagerez-vous des actions illégales comme le piratage des serveurs de Second Life?
S. S. : Je ne peux pas faire de commentaire là-dessus. Toute la question est de savoir pourquoi les gouvernements considèrent de tels actes comme du piratage.